Sahni PS, Singh K, Sharma N, Garg R (2021)
Yoga an effective strategy for self-management of stress-related problems and wellbeing during COVID19 lockdown: A cross-sectional study. PLOS ONE 16(2): e0245214
Copyright: © 2021 Sahni et al. Il s’agit d’un article en libre accès distribué selon les termes de la licence Creative Commons Attribution, qui permet l’utilisation, la distribution et la reproduction sans restriction sur n’importe quel support, à condition que l’auteur original et la source soient mentionnés.
APERÇU
Jusqu’à present, très peu de recherches ont été publiées sur l’impact thérapeutiques du yoga sur le stress et la tension mentale et émotionnelle liés au COVID-19. Il n’est pas surprenant qu’une première étude innovante ait été menée en Inde. Les résultats suggèrent que la pratique du yoga peut favoriser un meilleur sens de contrôle et de compréhension du COVID-19, ce qui permet de réduire le stress et la dépression et de promouvoir un plus grand bien-être. En outre, une pratique du yoga à plus long terme peut favoriser des stratégies de régulation émotionnelle solides. Certaines limites concernent le fait que le recrutement a été effectué via des groupes de pratiquants de yoga en ligne, ce qui signifie que tous les répondants étaient d’une certaine manière déjà intéressés par le yoga, même les « non-pratiquants », ce qui peut avoir conduit à un biais. En outre, en Inde, la foi et la spiritualité des individus jouent un rôle important dans la société et il est donc possible que, malgré l’absence d’une pratique spirituelle régulière, les non-pratiquants aient eu d’autres outils de soutien. En outre, cette étude s’est appuyée uniquement sur l’auto-déclaration, probablement une exigence due aux restrictions de Covid-19, mais cela peut également avoir conduit à des opinions biaisées sur l’efficacité du yoga. Cette étude a également négligé de prendre en compte les avantages physiques des pratiques de mouvement en n’incluant pas de questions sur les autres activités physiques. Cette enquête est néanmoins bien appréciée car elle aborde le rôle du yoga dans la gestion de la détresse et montre que la pratique peut favoriser une chaîne d’effets positifs. La perception d’une plus faible vulnérabilité et d’un meilleur sentiment de contrôle sur le COVID-19 peut à son tour générer moins de stress et un plus grand sentiment de bien-être. Comme le proposent les auteurs, la diminution de la peur permet de voir les difficultés avec une approche plus pragmatique et aide à maintenir une disposition pacifique. D’autres études sont nécessaires pour examiner le rôle du yoga en tant qu’outil de soutien complémentaire pendant le confinement de COVID-19 et, plus généralement, pendant les calamités, bien que cette première étude montre des résultats encourageants.
Cette étude constate que 2,6 milliards de personnes ont été enfermées à cause du Covid, et sont donc vulnérables aux troubles liés au stress de deuxième forme. Le stress, l’anxiété et la dépression ont été attribués à la peur de contracter le Covid-19. Les auteurs citent des études précédentes sur la peur d’autres maladies, comme le SIDA et le diabète, qui ont révélé des effets négatifs sur le bien-être. Bien qu’il existe des recherches sur l’efficacité du yoga en tant que médecine complémentaire pour une série de problèmes de santé mentale, il y a peu de recherches empiriques sur son efficacité dans l’autogestion du stress et des problèmes liés au stress.
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Il s’agit d’une étude transversale réalisée par le biais d’une enquête en ligne auprès de la population indienne. La population étudiée est un échantillon représentatif d’individus, contactés via des réseaux sociaux en ligne, des groupes de yoga et des listes d’adresses électroniques.
- 668 adultes ont reçu le questionnaire, dont 643 (96,3 %) ont choisi de participer. 64,7 % des participants sont des hommes, 34,7 % sont des femmes et 4 participants n’ont pas précisé leur sexe. La tranche d’âge des participants est de 18 à 72 ans, avec une moyenne d’âge de 28 ans. 59% des participants sont des étudiants, sur les 41% restants, 34,4% se sont classés comme « adultes exerçant une activité professionnelle ».
- Les participants ont été répartis en 3 catégories en fonction de leur expérience du yoga et de leur niveau de spiritualité.
- Les « pratiquants« , c’est-à-dire ceux qui ont déclaré pratiquer une forme de yoga (59,6 % des participants), ont été classés en « pratiquants de longue date » (>4 ans de pratique), « pratiquants moyens » (1-4 ans de pratique) et « débutants » (ayant commencé pendant le lockdown).
- « Autres pratiquants spirituels« , 17,6% du total des répondants, ceux qui ont déclaré une autre forme de pratique spirituelle.
- “Non-pratiquants” : le restant 22.7% des participants.
L’étude a été menée via une enquête en ligne diffusée par des groupes en ligne de pratiquants du yoga. L’enquête a été conçue pour les participants parlant hindi et anglais. Le consentement électronique a été obtenu avant le début de l’enquête.
Les chercheurs ont utilisé une série d’outils pour évaluer le bien-être des participants.
- Le questionnaire court sur la perception de la maladie « Brief Illness Perception (BIPQ) » a été adapté pour évaluer rapidement les points de vue cognitifs et émotionnels de COVID-19 :
- Étiquette de la maladie : Comment la personne a perçu les symptômes de Covid-19 ;
- Conséquences : Comment la personne a perçu les effets du Covid-19 ;
- Compréhension : Comment la personne a compris la maladie ;
- Durée : La durée des effets du Covid-19 selon la personne ;
- Guérison ou contrôle : le degré de contrôle que la personne pensait avoir sur la guérison ou la maladie.
- L’échelle sur la depression, l’anxiété et le stress « Depression Anxiety and Stress Scale (DASS-9) » a été modifié pour mesurer le stress, l’anxiété et la dépression des participants, ces derniers étant invités à évaluer dans quelle mesure les déclarations relatives à la dépression, à l’anxiété et au stress se rapportent à leur état actuel.
- L’échelle du bien-être général « Scale of General Well Being (SGWB) » a été utilisé pour mesurer le bien-être à travers 14 constructions communes de bien-être, y compris le bonheur, le calme, l’acceptation de soi et l’estime de soi.
- L’échelle brève de résilience « Brief Resilience Scale (BRS) » a été utilisé pour mesurer la résilience à travers 6 éléments mesurant la capacité à rebondir face au stress et aux difficultés.
- L’échelle de tranquillité d’esprit « Peace of Mind Scale (POMS) » a été utilisé pour mesurer la paix de l’esprit par une échelle à 5 éléments qui mesure le bien-être affectif à travers des déclarations de paix et d’harmonie internes. Les participants devaient indiquer à quelle fréquence ils ressentaient les états décrits.
- Questionnaire sur la régulation des émotions « Emotional Regulation Questionnaire (ERQ) » a été utilisé pour évaluer les stratégies de régulation émotionnelle couramment utilisées. Les participants ont été invités à évaluer dans quelle mesure ils répondaient aux énoncés décrivant les méthodes de RE.
Les participants ont également été invités à remplir un programme de yoga, un formulaire de consentement et des informations démographiques.
Les statistiques descriptives décrivent les variables analysées. Une analyse multidimensionnelle a été menée pour examiner la signification des différences dans la perception de la maladie et les mesures liées au bien-être entre les 3 groupes, ainsi qu’entre les sous-groupes de pratiquants.
- Les pratiquants de yoga éprouvent un contrôle personnel significativement plus grand et ressentent un impact émotionnel plus faible et un contrôle préventif plus élevé que les autres pratiquants et non-pratiquants. Ces résultats reflètent les conclusions de nombreuses autres études sur les bienfaits du yoga sur la santé physique et mentale.
- Des taux plus faibles de dépression et de stress ont été constatés dans les groupes de pratiquants de yoga par rapport aux groupes d’autres pratiquants et de non pratiquants. Les groupes de pratiquants de yoga et d’autres pratiquants spirituels ont tous un sentiment de bien-être plus élevé que le groupe de non pratiquants, ce qui indique l’efficacité d’autres pratiques spirituelles pour obtenir la paix de l’esprit. Aucune différence statistiquement significative n’a été trouvée en ce qui concerne la résilience, ce qui soutient la théorie selon laquelle la résilience pourrait être un trait du caractère.
- Les praticiens de longue date ont fait preuve d’un plus grand contrôle personnel et d’une plus faible inquiétude face à la maladie que les groupes intermédiaires ou débutants. Les pratiquants de longue date ont également montré la plus grande tranquillité d’esprit et le plus faible taux de dépression de tous les groupes. Les pratiquants de longue date ont montré des taux plus élevés de régulation émotionnelle par l’utilisation de stratégies de réévaluation par rapport aux autres groupes de pratiquants de yoga. Les pratiquants débutants (qui ont commencé à pratiquer pendant le confinement) ont présenté les mêmes niveaux de bien-être et de paix d’esprit que les pratiquants à moyen terme.